Un mage décrépi...

L'ombre brumeuse de l'Archimage Vargoth lévitait quelques centimètres au dessus du sol, attendant une réponse qui ne viendrait jamais. Les membres de la Noble Ligue présents dans la salle commune s'étaient détournés de la caisse qui trônait en son centre depuis qu'un courrier l'avait déposée là sans en faire plus de cas. Le bougre s'était ensuite volatilisé sans autre forme de procès, laissant les Ligueurs s'en dépêtrer... Seulement voilà, il semblait bien que personne n'avait envie d'aider ce pauvre Vargoth.

Un vieux mage décrépi, vêtu de loques, était entré dans la pièce à peu près au même instant. Visiblement éméché, il n'avait eu de cesse d'obtenir les bonnes grâces des officiers présents, vidant cruches après cruches, jusqu'à ce qu'il soit persuadé de se trouver sur le pont d'un cargo en pleine mer, tant le sol roulait sous ses pieds.

Laissant là l'Archimage, les officiers et la salle commune de la Noble Ligue, il tenta de quitter le bâtiment, et de flâner en ville, tant pour se rafraichir l'esprit que la mémoire....

D'aucuns, le croisant, auraient pu le confondre avec un miséreux, un de ces pauvres bougres dont le nombre ne cessait de croître à Hurlevent en raison des troubles qui éclataient au sein du royaume; mais l'homme était issu d'une des bonnes familles de la ville: un père marchand, à la tête d'une entreprise prospère, une demeure cossue dans les quartiers huppés, et une enfance dorée partagée avec Melchior, son ami de toujours. Dorée jusqu'à l'accident, l'accident qui avait pour toujours fait basculer son avenir pourtant tout tracé: renvoyé de la famille par son père qui n'avait pas accepté la perte de ses entrepôts ravagés par l'incendie, l'homme avait de longues années médité sur la mort de Melchior. Mort par sa faute, par ses dons qu'il contrôlait si mal à cette époque... Une vie faite d'errance avait alors débuté pour lui, sans repères, jusqu'à ce que la guilde des mages le prenne sous sa coupe, l'éduque, le forme et lui permette enfin de dompter ces effluves éthérées que ses maîtres nommaient Mana...

Ce n'est que bien des années plus tard, alors qu'il parvenait au terme de son apprentissage, qu'il rencontra pour la première fois Sire Roderic. Il avait jusqu'alors trainé dans quelques groupes qu'on commençait à l'époque à nommer Guildes, mais au sein desquelles ne se développaient qu'individualisme et cupidité....

Ses souvenirs avaient guidé les pas du mage devant une tour massive de la vieille ville. Il n’était littéralement pas revenu dans ce quartier depuis des siècles. Devant la tour, deux solides gaillards montaient la garde, en faction sous un blason de l'Ordre de la Lumière. Lux Imperium... Le nom ne lui était pas inconnu... Un souvenir vaporeux tenta de percer la brume éthylique de sa mémoire sans y parvenir réellement. Les deux gardes lancèrent un regard suspicieux et réprobateur au mendiant, qui, encore sous l'effet de la boisson, tenta bravement de gravir les quelques marches qui menaient à l'entrée du bâtiment. Bloquant le passage, les vigiles lui demandèrent la raison de sa présence:

« - Eh bien, l'ami ! Que penses-tu donc trouver ici ? La taverne, c'est l'entrée d'à côté ! Précisa le premier en partant d'un rire gras

- J'ai... Je... On... Bah... Hof... Faut dire que z'êtes connus vous z'autres de Lux Impre...Imper...Imperium ! Alors, ben... J'veux êt' des vôt'! Z'avez ben besoin d'nouveaux, pas vrai ?!

- Allons, drôle ! Cesse tes balivernes, veux-tu, et quitte cet escalier ! L'Ordre ne recrute pas de loqueteux ! Lança le second garde.

- Et toi, cesse de n'accorder d'importance qu'à ce que te montrent tes yeux, veux-tu, et laisse-moi passer ! Reprit le mage à présent complètement dégrisé. Tu ne sais pas à qui tu t’adresses, et je jure que si tu ne me laisses entrer, il t’en cuira. J’attendais plus d’humilité d’un serviteur de la Lumière ! »

Nul ne sut si les paroles du mage avaient touché les gardes, ou si, simplement, les deux hommes désiraient connaître l’accueil qui serait réservé au vagabond ; toujours est-il qu’ils le fouillèrent sommairement, et lui livrèrent le passage en le regardant d’un œil amusé.

Dans la pénombre de la pièce où il venait de pénétrer, le mage avisa trois hommes qui devisaient autour d’une table. Le charisme qui émanait de l’un d’entre eux ne laissait pas de doute sur son rôle : il s’agissait là du grand maître de la guilde, ou à tout le moins, de l’un de ses proches lieutenants. Alors qu’il s’approchait du petit groupe, il remarqua Leria, penchée sur une table à l’écart, qui signait un formulaire. Il lui fit un discret signe de main, que la voleuse ne sembla pas remarquer. Les hommes qui conversaient à voix basse levèrent un œil interrogateur sur le mage. L’un d’entre eux, après quelques instants d’hésitation, se décida à aborder l’arrivant :

« - Soyez le bienvenu, vagabond. Puissiez-vous trouver asile au sein de l’Ordre de la Lumière. Sachez cependant que nous ne recevons généralement pas les indigents en nos murs, mais plutôt à l’orphelinat, où une aile du bâtiment leur est consa…

- Je ne viens pas mendier, Monseigneur, l’interrompit le mage. Mon nom est Bolofeld , et nombre de mes amis ont autrefois déserté les rangs de la Noble Ligue pour rejoindre les vôtres. J’ai erré de nombreux siècles, dans les limbes du temps et de l’espace. J’ai créé des mondes, j’ai détruit des étoiles, on m’a nommé le faiseur-de-vies ou le moins-que-rien ; j’ai vécu mille trépas dans mille corps dissemblables, puis le temps m’a recraché, rejeté ici, où quelques mois seulement ont passé. Je viens chercher asile, oui, mais pas comme un miséreux ; faites de moi votre bras combattant, permettez-moi de rejoindre vos rangs, de retrouver mes chers amis, et de panser mes plaies ; celles de mon corps, comme vous le voyez, mais aussi celles de mon âme. Permettez-moi de reprendre pied dans ce monde en votre sein et de combattre à vos côtés… »

Sa tirade terminée, le mage posa un genou à terre et courba l’échine, attendant la sentence de l’homme qu’il avait fini par reconnaître pour avoir combattu à ses côtés, et que l’on nommait Wulfried.

ô puissant et valeureux mage, je suis honoré de ta demande, et content que nos chemins se croisent à nouveau

Notre Ordre est aussi maintenant le tiens, que la Lumière te nourisse et te fasse croître encore en sagesse et en puissance,
dans l'intéret de l'Alliance!

Du haut de sa chambre surplombant les riches avenues de la capitale des hommes, le mage Thyreos regardait par la fenêtre le fort vent du nord assiéger sans relâche les pauvres habitants se réfugiant de ce froid cinglant.

Puis au milieu de ce tumulte des éléments, le prince des poètes remarqua une âme qui se démarquait des autres citoyens, une âme bonne, mais ravagée par les ans et les tragédies de temps immémoriaux, voyant que l'inconnu se dirigeait vers le centre de commandement, le mage ne put s'empêcher de lancer un frêle sort de détection pour en apprendre plus sur le mystérieux vagabond. Et là, une magie puissante, pure et transcendante le heurta de plein fouet, le faisant vaciller. Reprenant calmement ses esprits, il se rendit compte que le nouvel arrivant était un sorcier talentueux, mais d'une précision mortelle si le besoin se faisait senti d'utiliser ses pouvoirs dévastateurs

-Voila un homme qui ferait un fort un puissant allié....ou ennemi, pensa Thyreos

A peine cette pensée lui effleura l'esprit qu'il pensa à ces supérieurs, conversant dans la pièce principale du QG, adoptant de nouvelles stratégies contre la Horde et le Fléau. Sentant le danger, le mage ouvrit la fenêtre et sauta dans le vide, tourbillonnant tel un ruban de soie emporté par les vents farceurs de l'hiver. Puis il se redressa, prononça un mot de pouvoir et se sentit léviter quelques instants, avant de toucher le sol froid et dur des allées de la vieille ville. Dépassant les deux sentinelles en ignorant leur salut, Thyreos, monta les marche 4 à 4 et s'approcha de la porte du centre de commandement, une voix était perceptible derrière cette dernière, une voix qu'il ne reconnaissait pas. Une voix dont le fardeau de l'âge se répercutait dans chacun des mots prononcés avec une infinie tristesse. Il écouta avec humilité et discrétion le discours du mage aux habits délabrés, puis le soulagement et la satisfaction remplacèrent le doute et la peur, il venait rejoindre nos rangs.

Fier de compter un élément aussi prometteur parmi les rangs de l'Ordre le mage ferma la porte et envoya un message télépathique à son confrère, en prenant garde de ne pas se heurter à la barrière mental mise en place par se dernier, d'un murmure arcanique, il dit:

- Bienvenue à toi, confrère mage, je suis sûr que tu trouveras ce que tu cherches en notre sein et que tes puissants arts seront d'une utilité indispensable à l'avancée de la Lux Imperium et l'éradication du Fléau sur nos contrées d'Azeroth!

Leria était en train de remplir un formulaire pour notifier sa réussite dans l'accomplissement de l'un de ses trois ordres de mission pour prétendre à passer Chevalier lorsque l'homme vêtu comme un miséreux entra.

Tiens, on dirait notre mystérieux visiteur à la Noble Ligue, celui qui s'est présenté lorsqu'une caisse tout aussi mystérieuse a fait son apparition dans notre hell d'entrée, se dit-elle. Elle fit mine de ne pas remarquer le geste de l'individu, chose aisée puisqu'elle lui tournait presque complètement le dos, puis elle se glissa discrètement dans un coin d'ombre.

Après avoir prononcé ses paroles, Bolofeld sentit subitement des mains se poser sur ses épaules, par derrière, et la voix de Leria, qui venait de sortir de l'ombre du mage lui-même.

Contente de te revoir mon vieil ami. Il semble que tu aies traversé de difficiles épreuves, et tes paroles ont un sens étrange.
Cela toutefois pourrait expliquer que nous t'avons cherché en vain, sans jamais réussir à te trouver !
Nous aurons le temps d'en discuter, maintenant que tu nous es revenu.
Je suis surprise de te voir ici, mais c'est une agréable surprise !

Leria serre quelques instants les épaules de Bolofeld, puis, ne pouvant se retenir, l'étreint chaleureusement.

Tu m'as manqué Bolochou !
Je vais te préparer une morue aux fraises pour fêter ton retour !

Leria file alors vers les cuisines dans un sprint impressionant de célérité.

MaeihDrei plongeait dans les plans de batailles que Wulfried avait soumis, n'avait même pas remarqué la présence de l'être décrépi.

Seul une voix inconnue et un fumet ethylique, le sorti de ses songes.

L'arcaniste se retourna, prenant le discours vagabond au bond!

Comme à son habitude il médita, son coeur était enjoué de voir un invocateur, grossir les rangs de la Lux Imperium. En même, temps la présentation était peu engageante!

Mais bon sa formation, lui avait fait voir bien des surprises et savait pertinament que l'habit ne faisait pas le pretre, se dit-il, en pensant avec gaieté au père Komusubi!

Ayant observé les diverses, politesses du grand maitre, de Leria et de Thyreos. MaeihDrei sorti de sa passivité. En prenant, le bras de l'ancien et en lui proposant de se relever.

Puis lui assena, une grande frappe amicale sur l'épaule en lui disant.

Mon cher pyrotechnicien,
je suis heureux que votre choix se porte sur l'Ordre de la Lumière, puissent vos boules de feu et vos explosions pyrotechniques illuminés l'Alliance et la Lux Imperium!

Ouaiiiis !!! Un spectacle !!! Un spectacle !!! Pyrotechnisez !!!

Leria sautille sur place comme une gamine excitée en tapant dans ses mains, regardant tour à tour Maeihdrei et Bolofeld.